ROIG François, Joseph.
Né le 21 janvier 1903 à Ansignan (Pyrénées-Orientales), mort le 25 septembre 1975 à
Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; instituteur ; archéologue ; militant du Parti
communiste.


François Roig naquit à Ansignan (Fenouillèdes, Pyrénées-Orientales), d’une famille que divers auteurs disent être originaire du Conflent (autre région du département). Mais l’état civil indique que son père, Jacques Roig, âgé de vingt-cinq ans en 1903 (né à Garcia, province de Tarragone, Catalogne, le 20 novembre 1877) était un Catalan d’origine espagnole ; il exerçait la profession d’ouvrier mineur, employé probablement à la mine de fer de Lesquerde, localité voisine d’Ansignan. Il fut naturalisé français en 1910. La mère de François Roig, Marie Sicart, était âgée de dix-neuf ans en 1903. La famille dut s’installer à Estagel (Pyrénées-Orientales), localité elle aussi proche de Lesquerde, car le nom de Jacques Roig, mobilisé, soldat du 142e Régiment d’Infanterie, tué le 3 novembre 1914 à Zonnebeke (Begique), figure sur le monument aux morts de cette commune. Ses études l’amenèrent à embrasser la carrière d’instituteur. Par la suite, François Roig vécut dans l’arrondissement de Céret (Pyrénées-Orientales) car ce fut par un jugement du tribunal de cette ville, rendu le 19 septembre 1918, qu’il fut « adopté par la nation ».
Il se maria à Perpignan le 3 août 1931 avec Louise, Catherine Sanson, née à Perpignan le 29 juillet 1909, alors institutrice à Jujols (Pyrénées-Orientales), un petit village montagnard du haut Conflent. Louise Sanson était la fille d’un employé de la Compagnie des chemins de fer du Midi à Perpignan. En 1931, François Roig exerçait à Thuir (Pyrénées-Orientales). Il milita activement au Parti communiste. En 1936, il était en poste à Prats-de-Mollo – La Preste, la grande commune pyrénéenne du haut Vallespir, ayant une longue frontière avec l’Espagne. En contact permanent avec André Lacoste*, il fut l’un des maillons essentiels du passage clandestin des volontaires des Brigades internationales. La filière de Prats-de-Mollo dont il assuma da direction fut aussi active qu’efficace. Dans sa commune, il organisa de façon très active la solidarité avec l’Espagne républicaine. Lorsque, localement, fut organisé, dès le début de 1937, à l’initiative de la CGT, un « comité d’entraide » aux enfants républicains repliés en France pendant la guerre civile dans les locaux de la colonie de vacances de la ville de Perpignan à Prats-de-Mollo, François Roig en assura le secrétariat. Le comité comprenait : Joseph Noell (DBMOF, XXXVII, 1990, p. 310), maire de Prats-de-Mollo ; Antoine Maureta (DBMOF, XXXVI, 1990, p. 136), conseiller d’arrondissement socialiste du canton de Prats-de-Mollo ; le docteur Villacèque ; l’abbé Lavaill, curé-doyen, la section socialiste et la cellule communiste locales, le comité radicalsocialiste, la Ligue des droits de l’Homme locale, toutes les femmes et filles de commerçants, les ouvriers syndiqués. Les premiers enfants, en provenance de Madrid et d’Andalousie, arrivèrent à Prats-de-Mollo à la fin janvier et au début février de 1937. Le camp d’accueil des enfants espagnols de Prats-de-Mollo fut actif pendant toute la durée de la guerre civile. L’inspecteur d’académie des Pyrénées-Orientales détacha un autre instituteur, Gaston Prats (Saint-André, Pyrénées-Orientales, 1906 ; Perpignan, 1986), qui en assuma la direction administrative et scolaire de février à mai 1937.
Secrétaire de la cellule communiste de Prats-de-Mollo, rattachée à la section d’Arles-sur-Tech, il fut mobilisé dès la déclaration de guerre. Il était inscrit, en 1939-1940, sur la liste départementale des « suspects du point de vue national ». Le 1er septembre 1940, François Roig fut muté d’office, comme beaucoup d’instituteurs qui avaient participé à la grève générale du 30 novembre 1938 ou étaient accusés d’appartenir au PC dissous. Il fut affecté, avec sa femme elle aussi en poste à Prats-de-Mollo, à Saint-Paul-de-Fenouillet, à l’autre extrémité du département.
Après la Seconde Guerre mondiale, François Roig qui ne semble pas avoir participé à la Résistance, paraît également avoir abandonné le militantisme actif, tout en demeurant un adhérent du SNI. Intéressé à la fois par la métallurgie et l’archéologie, homme de terrain, parfait connaisseur du massif du Canigou, François Roig, se passionna, après la guerre, pour la prospection des vestiges de la sidérurgie antique. Il fut à l’origine de très nombreuses découvertes. Formé à la connaissance des céramiques antiques par Georges Claustres, l’archéologue de Perpignan, il put dater les vestiges d’anciennes installations. Il avait l’intention (fin des années 1950, début des années 1960) de publier une synthèse de ses recherches sur le terrain et sur les fonds d’archives dans le Bulletin de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, mais le comité de lecture refusa cette importante contribution. Très affecté, François Roig déchira son manuscrit. Mais ses cahiers et ses notes de travail utilisés pour la rédaction furent conservés par son collègue et ami Alain Taurinya qui fut longtemps maire du village conflentais et minier de Baillestavy. Beaucoup plus tard, dans les années 1990-2000, les travaux de François Roig furent réévalués par les archéologues et les historiens de la sidérurgie qui rendent, de façon unanime, hommage à ses travaux pionniers et à la pertinence de ses analyses et de ses propositions. Après la Seconde Guerre mondiale, et jusqu’à son décès, il était domicilié à Perpignan, 4, rue du Jardin-d’Enfants.

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, série M (avant classement, pas de correspondance claire avec le classement définitif), liasse 169 ; 3 M 263, listes électorales de Prats-de-Mollo ; 3 E 4696, état civil d’Ansignan. — Arch. Com. Perpignan, état civil. — Arch. Com. Estagel, état civil, transcription du décès de Jacques Roig par jugement déclaratif du 6 juin 1920. — André Balent, notice DBMOF, 40, 1991, p. 255. — L’Indépendant, quotidien, Perpignan, 7 février 1937, 3 avril 1937, 5 avril 1937, 6 avril 1937. — André Balent, « Les réseaux d’aide à l’Espagne républicaine en Catalogne du Nord, passages de volontaires et d’armes », in André Balent & Nicolas Marty, Catalans du Nord et Languedociens et l’aide à la République espagnole (1936-1946), Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, Ville de Perpignan, Direction de la Culture, 2009, pp. 37-51. — Michel Cadé, Le Parti des campagnes rouges. Histoire du Parti communiste dans les Pyrénées-Orientales, 1920-1939, Marcevol, Éditions du Chiendent, 346 p. [p. 233]. — Ramon Gual, Prats de Molló entre memòria i història, Prades, Terra Nostra, 2007, 184 p. [pp. 64-66]. — Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane », I « Chronologie des années noires », Terra Nostra, 89-90, Prades, 1994, 400 p. [p. 50]. — Gérard Mut & Jérôme Kotarba (dir.), Carte archéologique de la Gaule, les Pyrénées-Orientales, 2007, 712 p. [J. Kotarba, pp. 143-144]. — Georges Sentis, Les communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales. Biographies, Lille, Marxisme / Régions, 1994, p. 138. — Conversations avec Michel Martzluff, archéologue, maître de conférences à l’Université de Perpignan ; Jean-Pierre Comps, professeur d’histoire retraité, archéologue, ancien président de l’Association archéologique des Pyrénées-Orientales (2007 ; 2009).

André BALENT